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Crédit agricole restreint son financement de nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles

La banque Crédit agricole a annoncé renforcer sa politique environnementale, jeudi 14 décembre, au lendemain de l’accord trouvé par la 28e Conférence des parties (COP28) sur le climat à Dubaï, aux Emirats arabes unis. La banque s’engage à ne plus financer directement de nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles, ainsi qu’à réduire de 75 % le dioxyde de carbone (CO2) émis par les projets financés sur le pétrole et le gaz d’ici à 2030.
« Nous décidons (…) de cesser tout financement de nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles et d’adopter une approche sélective dans l’accompagnement des énergéticiens inscrits dans cette transition », a détaillé Philippe Brassac, le directeur général du groupe bancaire, l’un des principaux en France et en Europe, dans un communiqué annonçant la mise à jour de sa politique climatique.
Dans le détail, le groupe s’engage à une « baisse des émissions financées de 75 % sur le secteur pétrole et gaz d’ici à 2030 (vs 2020) contre 30 % annoncés en 2022 », est-il précisé dans sa nouvelle politique climatique. Cela aura « pour conséquence de réduire les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur deux fois plus vite que le scénario Net Zero [by] 2050 publié par l’Agence internationale de l’énergie », assure M. Brassac.
Les annonces de Crédit agricole, comme celles de BNP Paribas (en mai) ou de la Société générale (en septembre), présentent toutefois plusieurs écueils importants : la majorité des financements accordés par les banques aux énergéticiens ne sont pas directement alloués à des projets précis. Il s’agit essentiellement de financement corporate, c’est-à-dire qui financent l’activité générale de l’entreprise. Ainsi, seuls 2,5 % des financements des financements de Crédit agricole au secteur fossile allaient directement à des projets en 2022, selon l’organisation non gouvernementale (ONG) spécialisée Reclaim Finance.
A ce jour, les grandes banques occidentales restent fortement impliquées dans de nombreux projets fortement émetteurs de gaz à effet de serre. Une enquête récente du Monde a montré que Crédit agricole était classé au septième rang des établissements soutenant les opérateurs de « bombes carbone », les sites d’extraction de pétrole, gaz et charbon les plus émetteurs en CO2.
Par ailleurs, quand Crédit agricole communique sur des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre, cela n’inclut pas l’ensemble de ses activités. Ainsi, la banque continue d’assister des énergéticiens impliqués dans de nouveaux projets fossiles à plusieurs niveaux, notamment en les aidant à se financer sur les marchés. Crédit agricole a par exemple participé à 16 % des émissions d’obligations des entreprises pétrolières et gazières en expansion en 2022, selon des chiffres compilés par Le Monde. Les nouvelles annonces de Crédit agricole ne comportent pas d’engagement précis sur ce plan.
Crédit agricole s’est par ailleurs engagé, jeudi, à tripler les « financements annuels en France » sur « les énergies renouvelables entre 2020 et 2030 ». Un engagement en ligne avec l’accord de Dubaï signé la veille, qui appelle à « tripler la capacité des énergies renouvelables au niveau mondial » d’ici à 2030. La banque a par ailleurs dévoilé des objectifs climatiques pour cinq nouveaux secteurs : le transport maritime, l’aviation, l’acier, l’immobilier résidentiel et l’agriculture.
Souvent critiquées par les ONG pour leur soutien aux énergies fossiles, les banques mettent régulièrement à jour leur politique limitant leur impact sur le réchauffement climatique.
Plusieurs banques ont profité de la COP28 pour le faire : ainsi, BNP Paribas a annoncé le 23 novembre qu’elle ne financerait plus le charbon métallurgique, destiné essentiellement à la sidérurgie, et la Société générale a précisé quelques jours plus tôt des engagements pris en septembre, en ajoutant un volet sur la décarbonation du secteur de l’immobilier commercial.
Le Monde avec AFP
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